Dragueurs de sable
Lors du retour vers
Douala, nous passons sur un pont à côté duquel est extrait du sable de la
rivière. Stop photos.
Chaque jour, des
hommes jettent l’ancre au milieu de la rivière. Simon, un des hommes, m’explique
qu’ils sont un ou deux par bateau. L’un plonge avec un seau en ferraille pour
récupérer le sable, il passe le seau à celui resté dans le bateau. Quand l’homme
est seul, c’est beaucoup plus dangereux, pour plusieurs raisons. Quand l’eau
est haute, il faut plonger à environ 10 à 15 mètres pour récupérer le sable et ensuite
il faut essayer d’égaliser le sable dans le bateau pour éviter que celui-ci
chavire.
Ensuite, le sable est
déchargé sur la rive à la pelle, puis il est remonté sur un niveau supérieur de
la rive. Dernière étape, le sable est finalement chargé dans un camion. Un
chargement, c’est environ 25 brouettés, je ne peux pas vous dire à quelle
quantité cela correspond. Zéro machine, uniquement la force des bras.
Simon m’explique que
pour faire ce travail de dragueur de sable, pour aller « vite » et ne
pas se mettre en danger ou se faire mal, il y a des gestes précis à apprendre.
Il rit quand il voit mon chauffeur qui donne un coup de main pour passer le
sable d’une hauteur de rive à l’autre. Il me dit qu’il ne fait pas comme il
faut et qu’il n’est pas très efficace.
Simon m’explique son
travail dans la plantation d’ananas qui est juste à côté du pont. Je lui dis
que les ananas que j’ai mangés ici sont dix fois meilleurs que ceux que je
mange en France. Il rit et me dit que les fruits qui sont envoyés en France,
sont ramassés trop tôt, pas vraiment mûrs et donc pas très bons ensuite.
Il nous aurait bien
offert un peu d’ananas, mais il n’en a plus, nous sommes dimanche soir et ils
ont fini ceux qui l’avait apporté alors Il
me dit qu’il faudra que je revienne et que je le prévienne avant pour qu’il
puisse en prendre.
Le week-end, il vient
travailler à la rivière. Cela lui permet d’envoyer un peu plus d’argent à sa
famille qui vit au Nord. Il va voir sa
famille environ 1 fois par mois, dès fois moins, les transports coutent cher et
le trajet est long.
Il m’explique que la
vie n’est pas simple au Cameroun, mais il arrive à faire vivre sa famille,
alors il ne se plaint pas. Mais soudain, des larmes sont au bord de ses yeux.
Il nous dit qu’il a perdu une petite fille à la fin du mois d’avril. Il nous
dit qu’elle était malade depuis longtemps, mais son état a empiré.
Quand sa femme l’a appelé, elle allait très mal. Le
temps qu’il prévienne son patron qu’il devait s’absenter, qu’il prenne le bus,
lorsqu’il est arrivé dans son village, sa petite fille s’en était allée. Il
nous dit avec un sourire forcé et beaucoup d’amour dans les yeux, que c’est
Dieu qui l’a rappelé à lui et que c’est bien car elle était malade, mais la
douleur emplit son regard.
Au bout d’un petit moment, un sourire revient sur son visage, il nous propose de prendre son numéro de téléphone et nous fait promettre de revenir pour partager un ananas, discuter et partager un bon moment.
Quelques photos dans l’album « Dragueurs de sable ».